💡 Investissement responsable : il est urgent de le réexpliquer !
Afin de le rendre lisible et compréhensible
Hello à tous, c’est la 21ème édition de Fathi t’explique !
Elle est consacrée à l’investissement responsable (IR). Le terme qui se veut louable par définition, est quelque peu entaché aujourd’hui.
2 raisons à cela : une mauvaise compréhension de l’épargnant d’un côté et de l’autre, une communication souvent imprécise de la part de l’industrie financière (et qui peut, parfois, tomber dans le greenwashing).
Cette édition te propose de faire table rase du passé en te donnant les clés de lecture de l’investissement responsable (IR). Le tout en 3 points :
Etape 1 : Déconstruire les préjugés
Etape 2 : Découvrir les multiples approches de l’IR
Etape 3 : Comprendre la réglementation et les labels
⏳ Temps de lecture : 7 min
L’IR, c’est que du vert.
Non. Ce n’est pas que l’environnement. C’est plutôt rattaché à la notion de développement durable. On peut y inclure les sujets tels que l’éducation, l’emploi, l’inclusion, en bref du sociétal.
Rappel : Le développement durable
est celui qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.
L’IR peut détruire de la performance.
Tout dépend de l’approche adoptée. En fonction de celle-ci, la performance peut s’écarter (en positif ou en négatif) de ce que fait la moyenne du marché. Détruire, ce n’est pas le bon mot, le verbe impacter s’y prête beaucoup plus.
L’IR, ça exclu de facto les énergies fossiles.
Non. On peut en retrouver dans quelques approches de l’IR (listées un peu plus bas). Par contre, certaines approches les interdisent.
L’IR, c’est du greenwashing.
Que dire si ce n’est que comme tout sujet, il y a du bon et du mauvais. Je reste persuadé que si l’épargnant comprend mieux ce qu’est l’IR et que l’industrie financière communique mieux, il y aura moins de greenwashing.
Les fonds d’exclusion
C’est le niveau 1.0 de l’IR (selon moi).
Ces fonds excluent des secteurs à controverses comme l’armement, le tabac, la pornographie etc. La politique d’exclusion sera propre à chaque fonds. Il faudra être attentif aux documents contractuels pour la connaitre.
Quid des entreprises qui ont une partie de leurs activités sur un des secteurs à controverses ? Il appartiendra à la société de gestion (celle qui gère le fonds) d’instaurer un seuil de matérialité. Par ex : si l’activité représente plus de 20% du chiffre d’affaires, la société est exclue de l’univers d’investissement.
Les fonds dits ESG
Ces fonds intègrent des critères extra-financiers dits ESG dans le processus de sélection de titres. Ces critères sont les risques potentiels que peut subir une entreprise dans son activité courante :
Risque Environnemental : à quel point le facteur environnemental peut impacter l’activité / le chiffre d’affaires / les profits d’une entreprise ?
Ex : si une usine se trouve en zone inondable, il existe un risque sévère d’impact en cas de fortes précipitations.
Risque Social : à quel point le risque social peut impacter l’entreprise.
Ex : les entreprises où la couverture sociale n’est pas assez forte risquent de subir des mouvements de grèves ou d’avoir un fort turnover.
Risque de Gouvernance : les entreprises “mal gérées”
Ex : celles où les règles comptables sont à la limite de la légalité, celles où le manque de contrôle interne est criant etc.. tu as peut-être les scandales récents en tête : un acteur de la santé dédié aux personnes âgées, un constructeur automobile allemand ou un fournisseur français de solutions technologiques (je ne donne volontairement pas de nom).
Les critères ESG ont pour objectif d’identifier les risques non financiers qui peuvent impacter les activités d’une entreprise. C’est une approche centrée sur le risque.
Le point faible de ces fonds réside, selon moi, dans le fait qu’ils recherchent trop peu à identifier les impacts environnementaux et sociaux des produits et services qu’une société propose. C’est justement ce que veulent certains investisseurs. Dans ce cas, selon moi, ces mêmes investisseurs devront se tourner vers d’autres approches plus engagées (à lire plus bas).
Une fois l’analyse des critères extra-financiers faite, les sociétés de gestion attribuent un score ESG qui permettra de filtrer celles qui sont le moins exposées aux risques potentiels. Plus la notation est basse, mieux c’est !
La notation des entreprises, ce n’est pas si simple. Soit elle se fait en interne par des équipes dîtes ESG ; soit elles sont récupérées auprès de fournisseurs de données. C’est un gros sujet mais que je ne couvrirai pas ici car trop long et très technique.
La classification sert, par la suite, de base de travail en matière de sélection de valeurs dans les fonds. On distingue 3 approches :
Le best in Class : qui consiste à garder les meilleurs entreprises dans chaque secteur (oui même celui des énergies fossiles).
Le best in Universe : on garde les meilleurs élèves tous secteurs confondus avec le risque qu’un secteur soit surreprésenté. C’est le cas de la Tech qui est souvent bien notée en risque ESG ; Si elle s’effondre en bourse, comme en 2022, le fonds suivra le même mouvement.
Le best Effort : qui consiste à privilégier les sociétés qui mettent en œuvre une transformation de leur business model leur permettant d'améliorer leur notation ESG.
Les fonds thématiques
Ces fonds investissent sur des thèmes précis comme la santé, l’eau, les accords de Paris (PAB), le bas carbone, l’environnement etc … Garde bien en tête qu’une thématique peut englober plusieurs secteurs.
Par ex : l’environnement. On peut très bien y retrouver une entreprise qui construit des éoliennes tout comme un fournisseur de logiciel capable de réduire la consommation de fioul d’un navire en mer (en optimisant son trajet).
NB : les thématiques, ça parle à tout le monde mais cela peut engendrer des biais très fort en termes d’exposition à certains secteurs. Ce type de stratégie peut donc s’écarter (en + ou -) très fortement de la performance moyenne du marché.
Les fonds d’impact :
C’est un peu la crème de la crème. Cette approche consiste à investir dans l’objectif de générer, en plus d'une rentabilité financière, un impact environnemental et social positif.
Par ex : la création d’emplois, la transition énergétique, l’accès à l’éducation, à la santé, à l’électricité.
L’impact doit être précisé en amont et doit être mesurable à travers des indicateurs. Pour une stratégie “emplois”, l’indicateur pourra être le nombre d’emplois crées sur une période donnée.
NB : créer des emplois c’est bien, mais ça ne signifie pas forcement que les entreprises seront plus rentables. Il existe un risque fort de voir la performance de ces fonds s’écarter de la performance moyenne du marché.
En France, il existe plusieurs réglementations mais celle qui sort du lot se nomme SFDR : Sustainable Finance Disclosure Regulation.
SFDR :
Elle propose une classification des fonds à travers trois catégories :
Les fonds « article 6 » : ils n’intègrent pas ou très peu des critères ESG et n’ont pas d’objectif précis de durabilité.
Les fonds « article 8 » : ils intègrent bien des critères ESG dans leur processus de sélection d’entreprises mais n’ont pas d’objectif précis de durabilité.
→ on y retrouve (mais pas que) les fonds dits ESG
Les fonds « article 9 » : c’est un peu le Graal car ces fonds ont des objectifs clairs en matière de durabilité. Les règles de transparence sont strictes et les fonds doivent communiquer sur les résultats obtenus.
→ on y retrouve les fonds à impact et certains fonds thématiques
Une réglementation qui doit s’améliorer
Les sociétés de gestion ont la responsabilité de classifier leurs fonds en fonction des 3 articles. Il n’y a pas d’organisme centrale indépendant qui se charge de le faire. C’est du déclaratif. Cependant, en cas de contrôle et de manquement aux règles, les sociétés de gestion s’exposent à de très fortes controverses.
Depuis son instauration en 2021, bon nombre de fonds étaient article 9 mais tous ne respectaient pas à la lettre le cahier des charges.
D’ailleurs, fin 2022, bon nombre de fonds autoclassifiés 9 ont été rétrogradés en article 8 par peur du régulateur.
NB : SFDR va changer. Le régulateur pense à remodeler le tout avec 4 nouvelles catégories qui seraient plus lisibles et moins propices aux interprétations. Stay tuned !
Les labels
J’en évoque 2 aujourd’hui :
Le label ISR : créé en 2016 et soutenu par le ministère de l'Économie et des Finances. Il a longtemps été perçu comme majeur mais est aujourd’hui en mal de crédibilité depuis des années.
En raison, son manque d’exigence. L’exclusion des énergies fossiles n’étant pas une obligation dans l’obtention du label. Il a donc été sujet à de nombreuses polémiques auprès du grand public. Une refonte est en cours, mais elle semble être en stand-by.
La label GreenFin : créé et soutenu par le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, le label garantit aux investisseurs que les fonds placés contribuent effectivement au financement de la transition énergétique et écologique (définition tirée de l’AFNOR). C’est un label assez fiable selon moi.
Il existe d’autres labels notamment dans d’autres pays de l’Union Européenne. C’est d’ailleurs parfois la guéguerre à celui qui aura le meilleur label entre le français, le belge, l’allemand etc …
En conclusion, au delà de l’appellation de certains fonds, de leurs labels et autres arguments marketing ; il est important de comprendre ce qu’est l’investissement responsable et ses multiples approches.
Certains approches sont plus engagées (les fonds impacts/thématiques) que d’autres (les fonds ESG) mais ce n’est pas pour autant qu’elles sont meilleures. D’ailleurs, elles sont souvent plus risquées pour des raisons d’univers plus restreint. Trouve l’approche qui te correspond le plus !
Avant toute décision, je t’encourage vivement à faire appel à un (bon) conseiller pour te guider ! C’est primordial même si ça n’est pas obligatoire. Mieux vaut ne pas se louper dans ses choix de placements !
C’est tout pour cette 21ème édition de Fathi t’explique. Je te donne rdv pour la prochaine édition dans 15 jours.
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Fathi 🤍
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Bravo Fathi, ENCORE, ENCORE, ......